Cette balade est une petite aventure car elle ne suit pas un sentier, mais emprunte une pente escarpée haute de 500 m débutant immédiatement à l’est du Refuge de l’Alpe de Villard d’Arêne. Son ascension demande des précautions et elle est déconseillée quand le sol est mouillé ou glissant.
Le vallon de la Route, vue prise d'avion en 1969 (ph. A. Pêcher). Noter la morphologie particulièrement typique du glacier rocheux qui occupe tout le fond du vallon, avec ses bourrelets "morainiques". Il s'agit d'un glacier rocheux composite, formé en plusieurs épisodes.
Le col du Fontenil se situe au sommet du grand couloir d'éboulis roux, à gauche de la Tête du Vallon (3 059 m) (tête sombre sur la crête au premier plan)
Le Vallon de la Route ne se découvre que parvenu à l'altitude de 2 530 m. C'est un vaste vallon, long de 1,2 km orienté SO-NE. Il débouche lui-même par une montée très raide dans des éboulis au Col du Fontenil (3 059 m). On peut faire un arrêt sur le point coté 2 571 m, en rive droite du vallon (sur la photo ci-dessous, juste en dehors de son angle inférieur gauche).
À gauche, glaciers rocheux du Vallon de la Route, partie supérieure, depuis la crête SE du cirque (photo Xavier Bodin)
À droite, dates 10Be obtenues sur les 5 unités de glaciers rocheux distinguées dans le Vallon de la Route (unités I à V). Les deux unités inférieures (à gauche) sont des glaciers rocheux inactifs (sans mouvements apparents) datant de 12 000/10 000 ans, tandis les deux unités proches du fond du cirque à plus de 2 600 m sont encore actives (Lehmann et autres, 2022).
Dans ce paysage sévère offrant une belle vue sur le massif, on découvre une succession de glaciers rocheux anciens et plus récents qui ont été datés en utilisant comme méthode de datation le béryllium 10 (10Be). La même équipe (Leymann et al., 2022) a utilisé les photos aériennes de 1960 à 2018 pour identifier les parties statiques et les parties encore affectées de mouvements dans ces différents glaciers rocheux.
Il résulte que les trois premières unités, les plus éloignées des parois rocheuses où elles prennent naissance (unités I, II, et III) sont datées de 13-9 ka BP. Elles témoignent d’une première phase de forte activité des glaciers rocheux débutant il y a environ 12 ka BP et convoyant les produits des chutes de pierre des parois dominantes à une vitesse moyenne proche de 50 cm/an. Les deux premières unités sont de nos jours dépourvues de mouvements. Puis vient une seconde phase d’activité débutant il y a 3 400 ans environ qui met en place les deux unités supérieures (IV et V). Ces glaciers rocheux sont toujours en activité avec des vitesses moyennes estimées proches de 20 cm/an. Entre les deux phases mentionnées prend place une période, entre 6,2 ka BP et 3,4 ka BP, où les glaciers rocheux ont été très peu actifs. Cette période correspond à la partie la plus chaude de l’Holocène qui n’a pas donné naissanceà de nouveaux glaciers rocheux. Les glaciers rocheux actuellement actifs, formés après 3,4 ka BP, transportent les produits de démolition des parois dominantes, qui reculent à une vitesse estimée comprise entre 1 mm/an et 2,5 mm/an.
Ces résultats sont tout à fait cohérents avec ceux obtenus sur les glaciers rocheux de la Combe de Laurichard (Francou et al., 2020).